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On pense alors à ce Coréen à la vie tumultueuse qui a fondé, dans les années soixante, le karaté Kyokushinkai.

Choi Bae-Dal est un Coréen vivant au Japon. Vie difficile à l'époque – nous sommes en 1945  à la veille de la défaite du Japon – et l'origine coréenne n'a jamais eu bonne presse, surtout dans un pays obnubilé par sa supériorité ethnique et qui en perdra – un temps – son âme. Mais Choi embrasse de tout cœur la cause japonaise. Il ne se bat pas – il est trop jeune encore – mais il garde de ses années de guerre une profonde admiration pour son pays d'adoption. Turbulent, bagarreur, il lui faut la prison pour se forger un destin. Alors, sitôt sorti, il se décide à s'isoler en montagne pour parfaire ses techniques de karaté, revenant ainsi aux sources de la figure du praticien du Budo : l'homme seul, tout à son entraînement, sous les rigueurs du climat, pour s'aguerrir et s'endurcir. Il a un modèle en tête, celui-là même que tous les grands maîtres d'art martiaux japonais évoquent avec déférence et admiration. C'était un autre temps, bien sûr, celui de "la voie du sabre" et de la féodalité. Mais Miyamoto Musashi reste le héros insurmontable, la figure éternelle du samouraï accompli. Lui aussi s'est imposé retraite frugale et entraînements surhumains. Lui aussi est descendu de sa montagne pour défier tous les meilleurs combattants du pays pour prouver sa valeur. Et Choi, dans sa montagne, veut faire la même chose.

Il descend de sa montagne pour retrouver le monde. Il a changé, certainement. D'ailleurs, son nom n'est plus le même. Il s'appelle dorénavant Oyama Masutatsu – la "Grande Montagne", pour faire bonne mesure. Et il entame une longue liste de combats – au Japon d'abord, puis aux quatre coins du monde – dont il sortira toujours vainqueur. Sa "Voie de l'ultime vérité" convainc. Il ouvre son dojo en 1964 et n'aura de cesse d'attirer auprès de lui des combattants de valeur.
Il faut pour cela ne pas avoir peur des coups. Loin de la rigueur formelles des écoles " traditionnelles", son karaté se veut tactile, au contact. Du kumite, encore du kumite, et l'on se souvient, sans arrière-pensées, de ces écoles d'Okinawa où l'on apprenait à se battre il y a  trois siècles, avec pour univers le bouddhisme du marin et pour seul souci l'efficacité des coups portés.
Le karaté, quel qu'il soit, restera toujours une forme de boxe dont l'orientalité n'est – bien sûr – pas la moindre des qualités. Et que cette origine se perde dans cet entrelac de voyages dans les mers et les montagnes, dans ces soubresauts de l'Histoire, dans ces identités fortes, n'ajoute que richesse a cet art de combat.

Ecrit par Brice COUTAGNE

Blog : http://yenbrice.blogspot.com/
Email : bricecoutagne@yahoo.fr