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Le mot "Kata" signifie "la forme" ou "le moule". En karaté, on le traduit traditionnellement par forme fondamentale. Ces enchaînements de mouvements codifiés représentent des séquences de combat que les Maîtres ont élaborées pour transmettre un savoir. Ils ne sont pas des combats imaginaires, mais doivent être perçus comme des combats réels contre des adversaires imaginaires. Le Kata n'est donc pas un simple exercice de style, mais un véritable combat, exécuté dans le même esprit que toute la pratique du Karaté Do, pour atteindre l'harmonie du corps et l'esprit.

Les Katas traditionnels du style Kyokushinkai sont au nombre de 34. Les formes de travail en Ura (inversés) pour les Katas d'initiation et les Katas de base, sont des exercices destinés à travailler les positions, les déplacements, l'équilibre, les transferts de poids, les rotations et le travail interne énergétique.


Chaque Kata, chaque séquence du Kata a un but éducatif précis et souvent recèle des notions plus profondes "masquées" destinées à transmettre le savoir des Maîtres par l'enseignement direct et non par la simple répétition des mouvements chorégraphiques. Ces préceptes cachés ne sont jamais transmis par des écrits, mais uniquement lors de stages ou de cours et encore la plupart du temps sont-ils seulement suggérés.

Les Bunkai (application pratique de la technique pure) et Bunkai Kumité (application dérivées vers le combat réel) permettent cette compréhension et révèlent des formes complexes sur des techniques apparemment simples. Un simple blocage peut être utilisé en attaque, en dégagement ou en technique de saisie ou de projection sans pour autant sortir de la ligne pure du mouvement.

Au travers de l'apprentissage, de la répétition et du perfectionnement des Katas, c'est le combat lui-même qui est enseigné. Le Kata est tout à la fois une voie de travail et de recherche, un exercice d'apprentissage tant physique que spirituel.

Origines et signification


Les Katas supérieurs et avancés sont issus de styles différents comme le Shurite ( styles du Nord plutôt linéaires et saccadé ), dont est issu le Shotokan, et le Nahate ( styles du sud plutôt circulaires et fluides ) dont vient le Goju Ryu.

Seul le Kata Garyu n'est pas un dérivé d'une forme provenant d'un autre style. Il fut conçu par Maître Oyama comme 'le' Kata du Kyokushinkai. Quelques temps avant son décès, Maître Oyama révélait lors du Championnat du Monde un second Kata spécifique, mélange de fluide et respiratoire et de recherche de Kime. Ce Kata, par respect pour le fondateur du style Kyokushinkai, n'est jamais rentré dans le programme de progression.

Récemment, Maître Matsui, successeur testamentaire, a introduit de nombreux nouveaux Katas. Certains sont issus des styles linéaires (Katas Tekki, Katas Bassai), d'autre du Kobudo (Tonfa, Nunchaku, Bo), avec deux Katas spécifiques de maître Matsui, Taizan et Soki, issus de ses recherches personnelles. Ces Katas encore peu divulgués, ne semblent pas recevoir un accueil positif de la part des pratiquants de par le Monde, en dehors du Japon.

Les Bunkais


"Bunkai" signifie "application". Apprendre un Kata par le Bunkai permet de le comprendre et donc de mieux le travailler par la suite.

Le Bunkai en Kyokushinkai respecte un certain nombre de principes immuables :

  • Respect parfait de la forme du Kata, respect de la position, de la technique, des déplacements, du rythme, des Kiaïs  et de la respiration.
  • Efficacité de l'application sur un partenaire réactif.
  • Réalisme de l'application en combat.
  • Intégration de l'application dans l'ensemble du Kata (on ne termine pas un enchaînement par un blocage au risque de garder un partenaire dangereux dans son dos lors du Bunkai suivant).

Les katas du Kyokushinkai

Katas d'initiation

Ils sont au nombre de 12 : 

  • Taikyoku sono ichi
  • Taikyoku sono ni
  • Taikyoku sono san

  • Taikyoku sono ichi ura
  • Taikyoku sono ni ura
  • Taikyoku sono san ura

  • Taikyoku Sokugi sono ichi
  • Taikyoku Sokugi sono ni
  • Taikyoku Sokugi sono san

  • Taikyoku Sokugi sono ichi ura
  • Taikyoku Sokugi sono ni ura
  • Taikyoku Sokugi sono san ura

Les Katas de base

Ils sont au nombre de 10 :

  • Pinan sono ichi
  • Pinan sono ni
  • Pinan sono san
  • Pinan sono yon
  • Pinan sono go

  • Pinan sono ichi ura
  • Pinan sono ni ura
  • Pinan sono san ura
  • Pinan sono yon ura
  • Pinan sono go ura 

Katas Kyokushinkai supérieurs

Ils sont au nombre de 5 :

  • Tsuki no Kata
  • Gekisai Dai
  • Gekisai Sho
  • Saiha
  • Yantsu 

Katas Kyokushinkai respiratoires

  •  Sanchin
  • Tensho

Katas Kyokushinkai avancés

Ils sont au nombre de 5 :

  • Seiienchin
  • Garyu
  • Seipai
  • Kanku
  • Sushiho

 



 

Les katas d'initiation

Taikyoku

Taikyoku signifie "la recherche du corps" ou "la forme originelle". Les Taikyoku (qui étaient 6 à l'origine) ont été créés par Gichin Funakoshi dans les années 1920 à partir des katas Pinan (ou Heian). Il les a conçus pour servir d'initiation à la compréhension du travail des Katas, dans un souci pédagogique de simplification pour les débutants.

Le mot "Taikyoku" vient aussi de "Tai Chi" et signifie "ultime grandeur", dans une idée d'ouverture d'esprit. C'est cette ouverture que doit rechercher le débutant dans cette "forme" de base.

Les katas de base

Pinan

Pinan est un mot d'origine chinoise qui signifie "la voie de la paix" ou également "esprit paisible". Heian en est la traduction japonaise. C'est Maître Funakoshi qui leur donna ce nom quand il introduisit le karaté au Japon. Aux origines, seul existait le Kata Kankudai, long et très difficile à apprendre. C'est à partir du Kata Kankudai que Maître Shurite Itosu au début du 20e siècle créa les 5 Katas de base pour des raisons pédagogiques.

 


 

Les Katas supérieurs

Tsuki no Kata (kata de poings)

Tsuki no Kata signifie la "forme du poing". Ce Kata très linéaire provient du Shurite d’Okinawa, lui-même originaire des techniques de combat du nord de la Chine. On y trouve la recherche de stabilité et le travail de déplacement sans changer de hauteur. D'autres notions plus profondes comme le travail du Hara et le déblocage de la force à partir des hanches y sont abordées.

Gekisaï Daï et Gekisaï Sho

Gekisai signifie "conquérir la forteresse". Ces Katas furent crées par Maître Miyagi en 1940 dans le but d’enseigner des mouvements durs et puissants de techniques élémentaires d’attaque et de défense.
Geksai Dai et Geksai Sho abordent les bases d'un rythme de travail d'enchaînements à 3 temps. 'Sho' signifie "le premier" et 'Dai' signifie "le grand".

Saïha ou Saïfa

Saiha signifie "destruction totale". Maître Kanryo Higaonna l’a étudié en Chine à la fin du 19e siècle. Il représente aussi la notion de "vague", telle celle qui anime le rythme du Kata, sans cesse enchaînant fluidité ou force pure. L'un des préceptes cachés de ce kata est son application en combat réel contre deux adversaires qui cherchent à encercler le combattant. C'est sans doute le seul Kata dont on puisse démontrer le Bunkai du début jusqu'à la fin avec seulement deux partenaires qui se relaient pour enchaîner les attaques prédéterminées.

Yantsu

Yantsu signifie "les 3 protections". C'est un Kata où l'on travaille dans seulement 3 directions : devant, gauche et droite en restant pratiquement à la même place. Le sens caché de ce Kata est d'apprendre au pratiquant à combattre dos à un mur contre des adversaires qui l'assaillent de part et d'autre.

C’est un Kata originaire du nord de la Chine que l’on trouve avec de nombreuses variantes dans les écoles du Kempo Chinois, mais curieusement, qu’on ne retrouve pas dans les 4 autres styles traditionnels de karaté, qui possèdent une autre forme de travail "dos au mur" avec les Katas Tekki.

 



 

Les katas respiratoires 

Sanchin

Sanchin signifie "3 affrontements" dans le sens des enchaînements et Bunkais du Kata, mais signifie également "3 pas" en référence aux postures et déplacements du Kata. Respiration et techniques, déplacements et posture, mental et esprit ne doivent ici faire qu'Un tout au long de ce Kata.

C'est sans doute le Kata le plus ancien du Karaté Do. Les buts de Sanchin sont de développer l'esprit par la technique et le modelage du corps ; la santé par le travail organique interne des viscères et les 3 centres énergétiques (Tento - la tête, Hara - le ventre, Tanden - le centre sous ombilical). Sanchin doit pouvoir être travaillé sur un sol instable tel une barque sur l'eau, sans perte de stabilité.


C'est le Kata fondamental du style Goju Ryu. Mais il fait partie de l'héritage commun à tous les styles. Issu du Naha-Te (Shorei Ryu), il insiste sur la concentration et la force (contrairement au Shurite, puis Shorin Ryu, qui privilégient la vitesse d'exécution). Il représente le travail de base par excellence, qui permet d'acquérir stabilité de la position, puissance et coordination musculaire, maîtrise de la respiration et, au-delà de l'intégration de ces éléments physiques, de déboucher sur un certain état mental. Comme tous les Kata dit "respiratoires" il paraît simple mais recèle une grande complexité pour être pratiqué avec un réel sens profond. Seul un professeur compétent et sincère peut vraiment faire progresser dans l'exécution de Sanchin.

Sosai Oyama a souvent insisté sur la coordination entre l'esprit et la technique. Il précisait 4 principes pour la maîtrise de ce Kata :

  • le rythme de la technique
  • les points de puissance
  • le contrôle de la respiration
  • le travail circulaire des blocages

Tensho

Tensho signifie "mains collées" ou "paumes tournantes". Ce Kata a été crée par Chojun Miyagi à partir du Kata Rokkishu, étudié lors de son voyage dans la province du Fu-Kien, en Chine, sur les traces des maîtres de Higaonna Sensei.

Le Kata Tensho, est une séquence fluide par alternance de mouvements forts et de mouvements souples, par opposition au Kata Sanchin qui est un travail de contraction pratiquement permanente. Tensho peut être considéré comme le complémentaire au Kata Sanchin, dans l'idée de la dualité Yang et Yin. Tensho, souple et circulaire est la forme "Yin" (douce) du travail respiratoire, face à la forme "Yang (dure) de Sanchin (fort et linéaire).

Les techniques de Tensho sont basées sur Tensho Uke, technique de défense main ouverte qui crochète l'attaque en restant en étroit contact. On trouve dans ce Kata l'idée de 'Kake', qui est l'équivalent de la conception chinoise due Tui Shou que l'on traduit par "mains collées", une technique d'apprentissage du combat rapproché. Tensho est une forme de base du travail de self défense.

Sosai Oyama attachait beaucoup d'importance au Kata Tensho et le considérait comme le plus indispensable de tous les Kata avancés de Karaté.

 



 

Les katas avancés

Kanku

Kanku signifie "Regarder le ciel, le Paradis, le vide de l'univers". C’est un Kata originaire du nord de la Chine. Il a été choisi par Gichin Funakoshi lors de la première démonstration de karaté en public au Japon en 1922. Le premier mouvement veut rappeler la renaissance du jour et du lever du soleil avec l'idée que chaque jour est nouveau et apporte sa part d'apprentissage sur la voie du Karaté Do.
C'est à partir de ce kata, que Maître Itosu élabora au début des années 1900 les 5 Pinan pour des raisons pédagogiques (enseignement de masse dans les collèges). Plus tard Maître Funakoshi les renomma Heian (traduction du terme Chinois Pinan en Japonais).

Seïenchin

Seiienchin signifie "affaiblir les bases" dans l'idée de briser les appuis ou d'empêcher la fuite. Il est souvent traduit par "la tempête dans le calme". Le sens caché de ce Kata est de comprendre les possibilités de combat face à des adversaires qui vous encerclent de toutes part, raison des changements de direction en étoile tout au long du Kata, mais il faut y trouver ici un sens secondaire. Il est admis que ce Kata était pratiqué par les Samouraïs en campagne de conquêtes, pour fortifier leur esprit et leurs membres inférieurs avec le travail répété des Kiba Dachi en position basse, base de travail de la position du cavalier, pour ces guerriers vivant en grande partie à cheval lors de leurs périodes de guerres.

C’est un Kata originaire du sud de la Chine qui nous a été transmis par le Nahate d’Okinawa, Seiienchin est également pratiqué dans les styles Goju Ryu et Shito Ryu. Les directions multiples, les variations de rythme et de techniques qui caractérisent ce Kata, nécessitent une alternance entre tensions et relâchements, ce qui contribuerait à un meilleur recours à l’énergie vitale.

Seipaï

Seipai veut dire 18, le Kata est composé de 18 techniques fondamentales de coups de poing, de pied et de parades. Le sens caché de ce Kata très linéaire est l'apprentissage d'un combat dans un corridor, face à des adversaires arrivant de part et d'autres, alternant blocage, attaques, mais aussi techniques de projections multiples.

C’est un des Katas les plus avancés de l’école Nahate, mais le Seipai Kyokushinkai est tellement différent de la version Goju Ryu qu’il pourrait être considéré comme un Kata spécifique.

Garyu

Garyu signifie "le dragon qui se repose". En philosophie taoïste, le mot Garyu se réfère à un homme important puissant, qui reste dans l’ombre, référence aux parrains des Yakuzas, ces Maîtres de l'ombre qui règnent sur la mafia nipponne. Ce Kata crée par Sosai Oyama n'existe pas dans les autres styles de Karaté Do. Garyu fut le premier surnom de Sosai Oyama dans sa vie de karatéka. Le dragon qui se repose choisit de ne pas se servir de sa force terrible... Pour la petite histoire, l'un des proches élèves de Maître Oyama a choisi pour son jeune fils le mot "Dragon" pour prénom. Choix prédestiné sans doute car le jeune 'Ryu' Narushima allait devenir une autre légende du Kyokushinkai, véritable prodige du combat au KO, malgré son mètre 68 pour seulement 68 kilos.

Sushiho

"Go Ju Shi" dont vient le mot Sushiho signifie "54", en référence au nombre 54 lié à la philosophie Bouddhiste. Ce Kata se nomme d'ailleurs "Go Ju Shi Ho Sho" dans d'autres styles.

C’est un Kata originaire du nord de la Chine et l’un des Katas les plus avancés dans l’école Shurite. Ce Kata est également l’un des Katas favoris de Maître Matsui.

 


 


 

Les Katas d'armes traditionnelles


D'instauration récente (2005), les katas de Nunchaku et de Tonfa ont été introduits dans la progression Kyokushinkai par la volonté de Kancho Matsui. Seuls quelques rares Shihan japonais les maîtrisent et ont reçu le droit de les enseigner. Ils n'ont pas encore franchi les frontières du Japon.

Seuls les Katas de Bo étaient déjà enseignés et pratqiués au Honbu Dojo du temps de Sosai.

 

Sources :